Ceux qu’on appelle les frères Grimm, Jacob et Wilhelm, naquirent tous deux à Hanau, près de Francfort sur le Main, dans la région de la Hesse, Jacob le 4 janvier 1785 et Wilhelm le 24 février 1786. Après le décès de leur père, leur mère les envoya chez leur tante à Kassel afin de leur donner toutes les chances d’accéder à une carrière dans le domaine juridique. Jacob fréquenta l'université de Marbourg et y étudia donc le droit tandis que son frère le rejoignit un an plus tard pour suivre le même cursus. Un de leurs professeurs, Friedrich Carl von Savigny, ouvrit sa bibliothèque privée à ces deux jeunes étudiants avides de savoir et passionnés de lecture pour leur faire découvrir des auteurs tels que Goethe et Schiller, les romantiques et les Minnesänger. Savigny travaillait à une histoire de l'Empire romain et se rendit à Paris en 1804 pour ses recherches. En janvier 1805, il invita Jacob à l'y rejoindre, ce que ce dernier fit sans retard. En qualité d'aide, il se pencha pendant plusieurs mois sur la littérature juridique. N’y trouvant pas d’intérêt, il décida de ne se consacrer qu'à la recherche sur la linguistique et la « magnifique littérature de l'ancien allemand » (littérature médiévale) à laquelle il s'était déjà, avec son frère Wilhelm, intéressé.
Fin 1805, Jacob Grimm revint à Kassel où entre-temps sa mère était venue s'installer. L'année suivante en 1806, Wilhelm Grimm termina ses études de critique littéraire à Marbourg. Tous deux vécurent ensemble avec leur mère à Kassel. Jacob trouva une place de secrétaire à l'école de guerre de Kassel mais démissionna au déclenchement des guerres napoléoniennes. Wilhelm Grimm, d'une constitution fragile, était à cette époque sans emploi. C’est au cours de cette période difficile que les deux frères, sans argent mais motivés, se lancèrent dans la collecte des contes et histoires qui nous sont parvenus aujourd'hui.
Après le décès de leur mère le 27 mai 1808, Jacob, étant l’aîné de la famille, dut prendre en charge toute la famille. Il prit donc à Kassel un poste de directeur de la bibliothèque privée de Jérôme Bonaparte (frère de Napoléon, et récemment fait roi du jeune royaume de Westphalie). En 1809, son frère Wilhelm, touché par la maladie, dû partir faire en cure à Halle puis à Berlin, ce qui lui permit de rencontrer l’auteur Clemens Brentano et faire la connaissance de différents écrivains et artistes berlinois comme Ludwig Achim von Arnim. De retour à Kassel, il put reprendre avec son frère leur travail de collecte des contes. C’est en 1812 que parut leur premier recueil de Contes de l'enfance et du foyer (Kinder- und Hausmärchen), tiré à 900 exemplaires. Trois ans plus tard sortit le deuxième volume des Contes de l'enfance et du foyer. Une nouvelle publication des deux tomes sous une forme réduite à un volume s'ensuivit en 1825. Elle contribua grandement à la popularité des contes de Jacob et Wilhelm Grimm, d’autant que c’est leur frère Ludwig Emil Grimm qui illustra cette édition.
Après avoir travaillé dans la diplomatie et diverses bibliothèques à Kassel, les frères furent engagés en 1830 à l’université de Göttingen, Wilhelm comme bibliothécaire et Jacob comme chargé de cours en droit ancien, en histoire de la littérature et en philosophie. En 1837, s’opposant au nouveau prince, ils durent quitter cette université et revinrent à Kassel. Quelques années plus tard, sur recommandation de différentes autorités littéraires, Frédéric-Guillaume IV de Prusse les invita à venir s'installer à Berlin, ce qu'ils firent en 1841. Devenus professeurs dans son université (Université Humboldt), ils demeurèrent dans cette ville jusqu'à la fin de leur vie. Durant cette période berlinoise, les deux frères se consacrèrent principalement à la rédaction d’une œuvre colossale : le Deutsches Wörterbuch, un dictionnaire historique de la langue allemande, qui en présenterait chaque mot avec son origine, son évolution, ses usages et sa signification. Mais les deux frères avaient sous-estimé le travail à accomplir. Bien qu'ayant commencé cette tâche en 1838 après leur renvoi de Göttingen, le premier tome ne parut qu'en 1854 et seuls quelques volumes purent être édités de leur vivant. Plusieurs générations de germanistes poursuivirent cette œuvre, et ce n’est que cent-vingt-trois ans plus tard, le 4 janvier 1961, que le 32e volume de ce dictionnaire allemand fut enfin édité.
Wilhelm Grimm mourut le 16 décembre 1859. L'Académie de Berlin écrivit en janvier 1860 : « Au 16 du mois dernier est mort Wilhelm Grimm, membre de l'académie, qui a fait briller son nom au titre de linguiste allemand et collecteur de légendes et de poèmes. Le peuple allemand est aussi habitué à l'associer à son frère aîné Jacob. Peu d'hommes sont honorés et aimés comme le sont les frères Grimm, qui en l'espace d'un demi-siècle se sont soutenus réciproquement et fait connaître dans un travail commun. » Jacob poursuivit seul leur ouvrage, avant de mourir à son tour le 20 septembre 1863. Les deux frères reposent ensemble au cimetière de Matthäus, à Berlin-Schöneberg.
Des nombreuses publications des frères Grimm, on retiendra l'œuvre scientifique majeure de Jacob Grimm, sa Grammaire allemande (Deutsche Grammatik, 1819-1837), généralement considérée comme le fondement de la philologie allemande, sa Poésie des maîtres chanteurs (Über den altdeutschen Meistergesang, 1811), sa Mythologie allemande (Deutsche Mythologie, 1835) ainsi que son Histoire de la langue allemande (Geschichte der deutschen Sprache, 1848). Au nombre des publications de son frère Wilhelm Grimm, on se souviendra de plusieurs livres ayant pour thème la littérature et les traditions populaires allemandes, parmi lesquels les Anciens chants héroïques danois (Altdänische Heldenlieder, 1811), les Légendes héroïques de l'ancienne Germanie (Die deutschen Heldensage, 1829), la Chanson de Roland (Rolandslied, 1838) et l’Ancien dialecte allemand (Altdeutsche Gespräche, 1851).
